COASP-Guinée à la 8ème Foire Ouest-Africaine des Semences Paysannes : Une étape clé pour la souveraineté alimentaire

COASP-Guinée à la 8ème Foire Ouest-Africaine des Semences Paysannes : Une étape clé pour la souveraineté alimentaire

Le Comité Ouest-Africain des Semences Paysannes (COASP-Guinée), acteur engagé dans la défense des systèmes semenciers paysans, a brillamment représenté la Guinée à la 8ème Foire Ouest-Africaine des Semences Paysannes, tenue du 12 au 14 octobre 2024 à Djimini, au Sénégal.

Un espace d’échange et de solidarité paysanne

Créé en 2021 par l’ONG Association de Coopération et de Recherche pour le Développement (ACORD-Guinée) et la Confédération Nationale des Organisations Paysannes de Guinée (CNOP-G), le COASP-Guinée s’est affirmé comme un espace d’échange, de concertation et de partage d’expériences. Ce réseau, né de la volonté des paysannes et paysans guinéens, promeut les systèmes semenciers locaux tout en défendant les droits des producteurs.

Cette initiative s’inscrit dans la dynamique des foires ouest-africaines précédentes organisées à Djimini (Sénégal) et au Bénin en mars 2023. Ces événements ont offert aux paysans une plateforme essentielle pour réfléchir collectivement aux défis de l’autonomie semencière et de la souveraineté alimentaire.

La participation du COASP-Guinée à la foire de Djimini

Lors de cette 8ème édition, le COASP-Guinée, composé de quatre représentants, a apporté sa contribution aux échanges sous le thème : « Autonomie semencière et souveraineté alimentaire : enjeux et défis pour la semence paysanne ». Cette foire, organisée par l’Association Sénégalaise des Producteurs de Semences Paysannes (ASPSP) et le COASP, a réuni les organisations paysannes de 17 pays, marquant un moment fort de solidarité régionale.

Un plaidoyer pour les semences paysannes

La rencontre a mis en lumière l’importance de promouvoir et de préserver les espèces et variétés paysannes face aux menaces de disparition.

Il faut aussi rajouter que cette foire s’est achevée par la lecture de la déclaration finale pendant laquelle les participants ont affirmé que les semences paysannes sont le pilier fondamental de la souveraineté alimentaire. Et que les Politiques et les réglementations constituent des contraintes au développement des SSP en Afrique.

Responsable Communication

Reconnaître et protéger l’agriculture familiale en Guinée : itinéraire d’un plaidoyer réussi

Reconnaître et protéger l’agriculture familiale en Guinée : itinéraire d’un plaidoyer réussi

La Guinée a récemment adopté la première loi d’orientation agricole du pays, laquelle doit maintenant être mise en œuvre. Cela fait suite à quatre années de concertation et de plaidoyer, pendant lesquelles la société civile guinéenne a pu s’impliquer activement auprès du gouvernement dans l’élaboration de cette loi. Aïssata Yattara et Macky Bah expliquent ici comment l’inscription dans cette dernière des préoccupations clefs des acteurs à la base et au niveau national constitue une étape décisive pour protéger et promouvoir les exploitations agricoles familiales et lutter contre les accaparements de terres dans le pays.

Le gouvernement guinéen a tendance à favoriser une agriculture intensive à grande échelle. Cela se traduit par une ouverture du secteur agricole aux capitaux étrangers, et souvent au détriment de l’agriculture familiale, pourtant pratiquée par près de 70% de la population et source d’approvisionnement des deux tiers des marchés locaux pour la satisfaction des besoins alimentaires.

Au début de l’année 2024, la Guinée a adopté sa première loi d’orientation agricole (LOA), qui a pour objet de fixer les règles d’orientation pour développer la politique agricole, avec des implications importantes pour l’agriculture familiale, comme par exemple la lutte contre l’accaparement de terres agricoles. L’inclusion de ces dispositions reflète l’engagement et le plaidoyer de la société civile guinéenne, selon une approche participative et inclusive débutée il y a plusieurs années.

Un engagement au long cours

Entre 2020 et 2023, ACORD Guinea et la CNOP-G – deux organisations membres du Collectif des organisations de la société civile pour la défense des droits des communautés impactés par les grands projets (CODEC) – ont organisé des séries de concertations aux échelles locale et nationale afin de recueillir les préoccupations des communautés à la base et de les partager auprès du gouvernement guinéen dans le cadre de l’élaboration de la LOA.

En parallèle, nous avons également travaillé avec nos partenaires sur l’analyse des différents projets de la LOA ainsi que sur la stratégie pour aboutir à son l’adoption. Cet engagement a été mené en collaboration avec l’IIED, qui appuie le CODEC dans la mise en place de réformes politiques progressives qui améliorent le régime foncier et la gouvernance des ressources.

L’objectif des consultations était de protéger les droits des communautés rurales, et particulièrement des exploitants agricoles familiaux, conformément aux droits humains et aux bonnes pratiques internationales. Ces rencontres ont mobilisé plus de 1,500 personnes toutes catégories confondues sur l’ensemble du territoire, y compris des organisations professionnelles agricoles, des chefs coutumiers, des représentants des autorités locales, des leaders d’opinion, des communicateurs traditionnels et des représentants de femmes et de jeunes.

En parallèle, des prises de contact et séances de travail avec le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage (MAGEL) et les partenaires techniques et financiers (Agence française de développement, Banque mondiale entre autres) nous ont permis d’analyser en détail le projet de LOA et de faire des propositions qui reflètent les préoccupations des communautés à la base. Ces préoccupations comprenaient notamment :

  • Un soutien accru au développement de l’agriculture familiale
  • Une prise en compte effective de l’agroécologie et de la préservation et valorisation des semences paysannes
  • La reconnaissance et la protection des droits fonciers légitimes collectifs et individuels, notamment dans le domaine agricole, afin d’éviter l’accaparement des terres agricoles par les investisseurs nationaux et étrangers au détriment des petits exploitants
  • La réduction des inégalités liées au genre, et l’accès des femmes et des jeunes au foncier rural et au développement agricole
  • La légitimation du savoir et du savoir-faire paysan
  • L’implication des organisations de la société civile dans tout le processus de formulation, de mise en œuvre, de suivi-évaluation et de pilotage de la LOA.

S’en sont suivies des négociations et un plaidoyer auprès du MAGEL, puis du Conseil National de la Transition (CNT), l’organe législatif ayant succédé à l’Assemblée Nationale suite à un coup d’État militaire en 2021.

Après le changement de régime, le CODEC a d’ailleurs dû reprendre les échanges avec la nouvelle équipe du MAGEL pour améliorer leurs connaissances et les sensibiliser sur le contenu de la LOA, dans l’optique de les convaincre de soutenir les propositions formulées par les exploitants agricoles familiaux au niveau local. À chacune de ces rencontres, ponctuées de débat, de négociation et de compromis entre les départements ministériels, le CODEC a été très stratégique pour s’assurer de la prise en compte de toutes les recommandations communautaires à travers des relectures systématiques et intégrales du projet de loi, une forte mobilisation des partenaires et un suivi régulier du dossier auprès du ministère.

Des retournements de situation successifs

Après la soumission fin 2023 du projet de LOA par le MAGEL au CNT, ce dernier a intégralement réécrit le texte jusqu’à début janvier. Nous nous sommes alors mobilisés de façon très rapide avec l’appui des partenaires du CODEC, et sommes parvenus à convaincre l’institution de réinsérer les dispositions les plus importantes en faveur des communautés.

Fin 2023, la LOA a finalement été adoptée à l’unanimité par les conseillers nationaux du CNT, et la déclaration officielle d’entrée en vigueur a eu lieu en mai 2024. Au total, nous avons organisé plus de 25 rencontres, dont 70% avec les communautés à la base et 30% avec le MAGEL et le CNT, en collaboration avec les départements techniques et les partenaires. Ce processus a abouti à l’acceptation de la quasi-intégralité des propositions du CODEC, ce qui, selon nous, reflète la portée et l’influence de nos efforts de plaidoyer.

L’appui technique de l’IIED et de l’Institut de recherche et de promotion des alternatives en développement (IRPAD) a aussi permis d’organiser des échanges d’expériences et des discussions sur les enjeux et les stratégies à adopter tout le long du processus.

L’approche participative et inclusive qui a prévalu dans les concertations avec les communautés, les partenaires techniques et financiers et les membres du CODEC a permis de fédérer les acteurs autour d’objectifs communs et de faciliter l’établissement d’alliances. Le CODEC a adopté une approche proactive vis-à-vis du ministère et du CNT, leur faisant des propositions concrètes et fidèles à celles formulées par les exploitants agricoles familiaux lors des concertations. La stratégie développée pour le plaidoyer auprès des décideurs et les alliances nouées ont aussi permis de parler d’une seule voix, donnant ainsi plus de crédibilité au CODEC et ses partenaires auprès de l’Etat.

Veiller à la mise en œuvre effective de la réforme

La LOA qui a été adoptée engage désormais l’État à élaborer à la fois une Politique foncière agricole (PFA) et une Loi foncière agricole (LFA).

Le CODEC poursuivra sa mobilisation pour s’assurer de la vulgarisation de la LOA, de l’élaboration par le gouvernement de ses textes d’application et de sa mise en cohérence avec la PFA. Il poursuivra aussi ses efforts pour la reconnaissance et la protection de l’agriculture familiale, et la lutte contre les accaparements de terres.

A propos des auteurs : Aïssata Yattara, conseillère régionale de la Confédération nationale des organisations paysannes de Guinée et Macky Bah, directeur pays de l’Association de coopération et de recherche pour le développement

Acord Guinée milite en faveur d’une transition agroécologique

Acord Guinée milite en faveur d’une transition agroécologique

Dans le cadre de la supervision des activités sur le terrain, une mission de ACORD GUINEE s’est rendu du 𝟎𝟐 𝐚𝐮 𝟎𝟔 juin 2024, dans les préfectures de 𝐊𝐚𝐧𝐤𝐚𝐧 et 𝐍’𝐙𝐞𝐫𝐞𝐤𝐨𝐫𝐞́.

La mission avait pour objectif :

  • De faire une prise de contact avec les autorités et les communautés locales sur les nouvelles orientations stratégiques de ACORD ;
  • D’échanger avec les organisations paysannes sur les différents sites de productions sur les techniques agricoles ;
  • D’informer et de sensibiliser les producteurs sur la transition agro-écologique ;
  • De promouvoir les systèmes semenciers paysans ;
  • D’informer les communautés locales sur les réformes foncières en cours.

Un total de 𝟒𝟎 𝐛𝐞́𝐧𝐞́𝐟𝐢𝐜𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 composés 𝐃’𝐨𝐫𝐠𝐚𝐧𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐚𝐲𝐬𝐚𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐚𝐠𝐫𝐢𝐜𝐨𝐥𝐞𝐬, 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐜𝐢𝐯𝐢𝐥𝐞, 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐥𝐨𝐜𝐚𝐥𝐞𝐬 ont pris part aux différentes rencontres.

A la suite des échanges les participants ont formulé un certain nombre de 𝐫𝐞𝐜𝐨𝐦𝐦𝐚𝐧𝐝𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 dont entre autres :

  • Poursuivre les sessions de formation sur les pratiques agro-écologiques ;
  • Poursuivre les séances de sensibilisation des communautés sur la protection de l’environnement et la gestion durable des ressources naturelles ;
  • Poursuivre l’appui-conseils auprès des producteurs.

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